L’Ensemble de musiciennes : ouvrir la scène aux jeunes filles

On leur laisse peu de place, on leur donne peu de voix et pourtant, elles sont là : les jeunes filles qui veulent jouer, inventer, improviser. Dans le jazz, les femmes sont de plus en plus absentes des formations professionnelles, invitées au compte-gouttes dans un univers où les hommes occupent presque tout l’espace. À Tours, le Petit faucheux et Jazz à Tours, soutenus par le Fonds Opilion, ont décidé de changer la donne.
Un espace concret pour créer et jouer en sérénité
Cet automne naît L’Ensemble de musiciennes : un orchestre pensé pour les 11-18 ans, en mixité choisie, pour apprendre, créer et se sentir légitime, sans lutter. À travers ce dispositif, il s’agit d’équilibrer la participation des femmes dans le jazz et de corriger progressivement, dès le plus jeune âge, un déséquilibre historique du secteur.
Un secteur encore inégalitaire
- Compositrices : seules 18 % des membres vivants de la Sacem sont des femmes. En 2023, elles n’ont perçu que 8 % des droits nets distribués (Sacem, 2023).
- Interprètes : parmi les artistes interprètes déclaré·es à l’Adami en 2024, seules 23 % sont des femmes. Dans le jazz, la part tombe à 15 % des projets soutenus (Adami, 2024).
- Enseignement : dans les cursus professionnels de jazz et musiques improvisées, on compte encore de 2 à 5 hommes pour chaque femme (AJC/FNEIJMA, 2024).
En complément
Les femmes restent aussi largement minoritaires dans les directions d’orchestre, la programmation des festivals et les métiers techniques du son et de la production, où elles représentent moins de 40 % des effectifs et subissent encore des écarts de rémunération
(CNM, DEPS 2023).
Les enseignantes
Le projet est porté par Jasmine Lee et Marion Delmont, deux musiciennes professionnelles installées à Tours qui ont pour ambition de transmettre aux jeunes filles ce qu’elles auraient souhaité trouver au début de leur parcours.
Jasmine Lee est contrebassiste, compositrice et arrangeuse. Formée au CRR de Tours et à l’Université Laval de Québec, elle puise autant dans le rock britannique que dans le jazz londonien ou les musiques électroniques. On la retrouve dans MARSAVRIL, Acirema 4tet, Hormê, et depuis 2022 dans son quintet, Naïram.
Marion Delmont a commencé le violoncelle à 7 ans, puis la guitare. Longtemps autodidacte, elle a poursuivi sa formation à Berlin avant d’intégrer le cursus DEM Jazz du CRR de Tours. Elle a créé le sextet Ourses, elle chante dans le duo The Delmonts avec son frère violoniste et joue dans différents projets collectifs.

Dans les pas de Tomorrow’s Warriors
Ce projet s’inspire du travail du dispositif londonien Tomorrow’s Warriors qui, depuis les années 1990, a accompagné des centaines de jeunes artistes racisé·es ou issu·es d’un milieu défavorisé, et révélé une génération de musicien·nes devenu·es des incontournables de la scène jazz (Shabaka Hutchings, Nubya Garcia, Ezra Collective).
Leur modèle : allier excellence musicale et engagement social pour faire du collectif un outil d’émancipation.
Un engagement partagé
Depuis plus de vingt ans, Jazz à Tours et Le Petit faucheux travaillent main dans la main pour mettre en avant les nouveaux talents du jazz à travers notamment le Festival Émergences. Véritable point de départ de cette dynamique, avec comme invité d’honneur Tomorrow’s Warriors depuis maintenant deux ans, le Festival Émergences multiplie les formats d’éducation, de sensibilisation et d’expression culturelle.
En lançant L’Ensemble de musiciennes, Jazz à Tours et Le Petit faucheux affirment une conviction claire : la musique est moteur de changement et doit représenter au mieux l’ensemble de notre société.
Infos pratiques
- Quand ? Tous les mercredis de 14 h à 16 h
- Où ? Jazz à Tours / Le Petit Faucheux (selon calendrier)
- Pour qui ? Jeunes musiciennes de 11 à 18 ans
- Combien ? Gratuit
- Objectif : Donner confiance, créer des repères et s’exercer en collectif